CORSE 2005
Cela faisait bien un an que l’on avait dit : l’été prochain, la Corse, c’est sûr.
L’été se rapprochait, un repas chez Nicolas, propriétaire de l’eurostar de Saucats, et l’idée fût relancé. Aussitôt dit, deux dates furent arrêtées au cas où. On en parle à l’entourage et Richard, le propriétaire du Zéphyr de Saucats se joint à nous. Nous serons donc 3 machines, un kappa, un eurostar et un zéphyr, accompagnés de nos épouses.
La destination, très connue des aviateurs en herbe, fût PROPRIANO. J’avais déjà fait le voyage il y a cinq ans avec Bastien, instructeur à Saucats, et c’est à la suite de ce voyage que j’avais décidé de prendre des cours d’ULM. C’était pour moi un retour aux sources et une revanche car la première fois, j’avais été le sac de sable pour l’équilibrage. Je ne comprenais rien aux zones, à la radio, et pourquoi tant de tension et de concentration pour effectuer un simple vol…
Arrivée sur PROPRIANO.
Sur Internet, les renseignements de l’aérodrome pris, les scooters loués, nous prenons l’option de planter la tente sur place. Pas de caution perdue si le temps nous empêcher de voler le jour J. L’énorme avantage de PROPRIANO, outre la tente sur place, est d’avoir un restaurant très convivial sur place, avec petit déjeuner à partir de 9 heures, les douches, et toutes les commodités à proximité. La ville n’est qu’à 5 minutes en scooter, et possède un charme fou. Plein de restaurants en front de mer, club de plongée, balades en bateau ou à cheval. Le sud de l’île est truffé de coin romanesque, jusqu’à BONIFACIO, la perle de la Corse.
BONIFACIO.
Le trajet nous apparaît fort simple : Saucats-Millau-Cuers-St Tropez-Ajacio-Propriano. Cinq heures de vol, pas de problème.
Les machines révisées, les papiers en règle, les cartes 2005, les cartes VAC, un gilet par personne… Tout est ok. Le plan de vol…. on verra à Cuers et on se fera aider.
Départ prévu à 18 heures le vendredi soir, et traversée le samedi matin. Oui mais la fatigue de la semaine aidant, nous décidons au dernier moment de partir la samedi matin à 7 heures.
Lever de soleil en été.
Finalement, ce sera à 7 heures 30. Ce n’est pas si mal. La brume sur Saucats et le levée de soleil, ses teintes jaunes…c’est un bon début, on en prend plein les mirettes.
Pont de MILLAU
Jusqu’à Millau, où nous avions décidé de refueler, tout va bien. Nous frôlons le pont de Millau, de loin pour ne pas rentrer dans la ZIT, qui d’ailleurs n’apparaît pas sur nos GPS pourtant remis à jour la veille. Nous apprendrons plus tard que la ZIT n’existe plus. Première embûche à Millau, la station d’avgas est fermée et personne à l’aéroclub. Si ça vole pas un samedi en été, on se demande quand ça vole. Heureusement je retrouve un ami qui est instructeur pendulaire, il nous prête sa voiture et 2 bidons. Le temps d’aller à la station : 1 heure de perdu. Merci encore à Gilbert.
Finale à MILLAU
Nous repartons pour Cuers, où nous arrivons à… 12 heures 15, après un vol mouvementé. La station fermait à …12 heures. Nous sommes bon pour casser la croûte au restaurant de l’aérodrome. Après avoir rempli nos réservoirs, nous nous occupons de ce fameux plan de vol. Sur les conseils du pompiste-percepteur-de-taxes, nous tentons notre chance par téléphone. Et ho surprise et magie de la simplicité, le plan de vol est déposé en à peine 3 minutes. Rien de plus simple.
Alors où on est ?
Nouvelle mode vestimentaire
Et nous repartons vers 16 heures 30… Plan de vol activé par radio, et la grande bleue nous attire irrésistiblement. Nous avons brûlé 3 cierges à St ROTAX avant de partir, nous sommes donc confiant, mais nous avons quand même enfilé les gilets. Finalement, c’est long, mais ça bouge pas, donc c’est plutôt agréable. Les photos fusent de partout, et le contrôleur n’a pas l’air de s’émotionner à l’idée de voir partir 3 ULM en patrouille. La visibilité est médiocre, nous ne voyons bientôt plus ni le continent, ni la Corse, mais nous voyons parfaitement la mer et les bateaux qui naviguent. Nous avons un horizon artificiel, mais il nous sert à rien et c’est tant mieux.
Forcément, à cette hauteur c'est calme.
Enfin la Corse, le contrôleur nous propose de clôturer le plan de vol. Un peu qu’on accepte ! Comme ça au moins on n’oubliera pas. Le vol de la partie ouest de la Corse est superbe. La montagne plonge dans la mer, de petites criques, et de plages se succèdent à la cadence des anciennes tours génoises. Pour les vaches, par contre on repassera…
Attention à la panne moteur.
Enfin l’arrivée à Propriano à 18 heures 30. Pas mal fatigués les équipages, mais nous l’avons fait. Plantage des tentes, présentation à l’agent de service, aller chercher les scooters, repas en front de mer et dodo.
Nos fidèles destriés.
Vue de Bonifacio depuis la mer.
Le dimanche commence par un vol jusqu’à Bonifacio, puis une virée en scooter cette fois jusqu’à …Bonifacio, entrecoupé de baignade. L’île de beauté porte bien son nom. Le dépaysement est complet. Visite, promenade, restaurants, achats de charcuterie locale, photo, le bon touriste, mais c’est si agréable.
Le rocher au lion, sa tour gênoise, et sa plage....
ruelle de BONIFACIO
Déjà le lundi matin. Nous commençons à penser au retour. La météo annonce du mistral, avec 80 km/h de vent dans le delta du rhône. Plan de vol déposé par téléphone, toujours un régal. Décollage vers 13 heures. Refueling à Cuers, et gros point d’interrogation sur le trajet du retour. Gros cumulus sur la partie Millau, nous décidons de monter jusqu’à Valence. Quand un ULM se pose. C’est un pilote local, et nous assure qu’avec du mistral, il faut faire le transit côtier par Marseille jusqu’à Béziers. Bien chef.
Plein d'essence avant de repartir de PROPRIANO.
Falaise de CASSIS
Calanques
Travers MARSEILLE, avec vue sur le Frioul
Marais salants
Et nous voilà partis pour un vol entre 600 et 1000 pieds au dessus de l’eau encore. Ca bouge pas mal, mais c’est supportable. La vue est magnifique, les falaises de Cassy, les calanques du Frioul et de Sormiou, Montpellier et ses bassins de sel aux multiples couleurs. Dans tout ça nous avons été optimiste sur notre consommation essence. Nous pensions tenir jusqu’à Saucats mais le mistral plein travers nous ralentit d’un bon 35 km/h. Au lieu de contourner Toulouse, nous demandons à traverser la CTR. Accepté, et nous voilà verticale Toulouse, Blagnac. C’est grand. Les portes du hangar de l’usine airbus sont ouvertes. Je voudrais connaître la section de la poutre du portique, car l’ouverture malgré la distance fait immense.
Ouf !
J’envoie un sms à Philippe de la base ULM de Montpezat pour lui dire de nous attendre avec la pompe allumée, car nous arriverons short pétrole à …21 heures.
Une bière et surtout les pleins fait, nous sommes super heureux. Comme quoi le bonheur tient à peu de chose : De l’essence dans un réservoir vide et un peu de chaleur humaine et aussi un air calme. Ca change du mistral.
Le retour sur Saucats se fait taquer, on se tire une petite bourre bien méritée après toutes ses émotions en à peine 60 heures, dont 15 en vol.
Les images resteront gravées à tout jamais en nous, cet hiver quand tout sera maussade, on se montrera les photos et on fera d’autres projets. Ce vol nous a énormément appris. Les voyages forment la jeunesse, mais aussi les pilotes. Nous avons dû gérer des problèmes auxquelles nous n’avions jamais été confrontés. Ceci nous conforte dans l’idée qu’il faut être très prudent mais que rien n’est impossible si c’est fait avec sérieux.
L’année prochaine, nous retournerons en Corse, mais cette fois ci, nous partirons le vendredi après midi, pour traverser le samedi matin. Et nous gèrerons mieux nos ravitaillement essence pour ne pas perdre des heures. Le second we qui avait été arrêté pour la Corse nous a permis d’aller à l’île d’Yeu. Mais c’est une autre histoire.
L'ile d'yeu
Bons vols, et soyez prudents.
Thierry.